L'hypnose a-t-elle un effet sur le cerveau ?

Le cerveau et les particularités motrices au sein de l'hypnose

 

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     Depuis le début de l'hypnose, ce sont des scientifiques tels que Mesmer ou Charcot qui cherchent à savoir si il y a une modification neurologique lors de l'hypnose. Cette question est primordiale. En effet, l'hypnose peut être perçue comme le fruit de notre imagination et il existe de nombreux débats sur ce sujet. C'est pourquoi, dès 1950, les premiers travaux furent réalisés sur l'aspect neurologique de l'hypnose. Tout d'abord, c'est Ernest Hilgart qui conçoit "l'échelle standardisée" pour obtenir des résultats fiables, étant donné le manque de techniques à cette époque. Celle-ci consiste à obtenir des réponses du sujet sous hypnose, bien souvent motrices, lorsque l'hypnotiseur émet des questions et suggestions standardisées. Hilgart a également découvert que la conscience hypnotique se dissocie en deux. En effet, il remarqua des réactions paradoxales face aux suggestions faites à un patient : lorsqu'il lui demanda de s'imaginer sourd, celui-ci ne parvenait plus à entendre, pourtant, il y eut une réaction au niveau de la motricité étant donné qu'il bougea son bras à la demande de l'hypnotiseur.

     Ainsi, quelques années plus tard une thèse fut émise ; l'hémisphère droit du cerveau serait majoritairement activée sous hypnose. Cette partie du cerveau est plus silencieuse que l'hémisphère gauche, elle correspond plutôt à l'imagination. Cependant, rien n'est encore certain étant donné que des personnes remettent en cause cette thèse. 

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Les particularités motrices 

 

      Comme nous avons pu le voir, durant une séance d’hypnose certains mouvements sont modifiés de façon suggérée ou spontanée. En effet, lorsqu’on observe des patients lors d’une transe, on remarque que certaines réactions peuvent apparaître. Certains mouvements peuvent également devenir impossibles, c’est notamment le cas lors de l’hypnose de spectacle, où des sujets ne parviennent plus à bouger. Cela est directement lié au cerveau, la motricité implique de nombreuses parties cérébrales de notre cerveau. Nos mouvements volontaires viennent d’un message envoyé par le cerveau. Il faut savoir que lors d’un mouvement nous réalisons trois phases. Tout d’abord, il y a l’intention motrice, c’est-à-dire le fait de décider, de réaliser un acte. Ensuite, il y a la préparation du mouvement qui consiste par exemple à avancer la main. Enfin, nous procédons à l’exécution du mouvement.

 

   Mais alors, comment est-ce que les particularités motrices sont-elles modifiées durant l’hypnose ?

 

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   Le début des recherches...

       Afin de répondre à cette question, certaines personnes travaillant dans le domaine du soin et de la santé telles que Robert Carlier et Olivier Daniel ont réalisés des études. Les progrès techniques ont permis de mieux étudier les zones cérébrales. Ils ont d'abord commencé par étudier la voie corticospinale, c’est-à-dire une zone cérébrale composée de fibres liées au cortex moteur, commandant ainsi la phase du mouvement. Ils ont pu remarquer qu’il y avait des zones du cerveau qui s’activaient lors de la réalisation d’un mouvement en état de transe ; plus précisément le cervelet, le cortex cingulaire antérieur, et des lobes pariétaux/ temporaux. 

 

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Schéma illustrant l'activation de certaines aires célébrales durant l'hypnose 
 

 

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Afin de mieux cerner le phénomène qui modifie les phases du mouvement, des comparaisons ont été réalisées entre une personne en état d’hypnose, et une autre en état d’éveil. Celles-ci consistaient à enregistrer l’activité des parties du cerveau, à l’aide d’une stimulation magnétique transcrânienne du cortex moteur. Nous avons ainsi pu remarquer que l’exécution du mouvement n’est pas modifiée. Nous pouvons donc s’apercevoir que la modification du mouvement vient de la première phase et non de la phase finale.

 

 

 
Autre schéma confirmant l'activation de zones cérébrales durant l'hypnose

 

 

    L'étude de la paralysie hypnotique...
 

    Comme nous le remarquons lors de spectacles, l'hypnose provoque parfois une immobilisation du sujet, c'est-à-dire l'impossibilité de réaliser certains mouvements. Yann Cojan ainsi que l'équipe de Patrick Vuillemier ont donc tenté de comprendre, comment le mouvement était contré étant donné que ce n'est pas son exécution qui est modifiée. Pour cela, ils ont comparé l'activité cérébrale d'un sujet sous hypnose, à qui l'on suggérait l'impossibilité de bouger son bras à cause d'une lourdeur de plus en plus persistante, avec un sujet sain qui simula l'impossibilité de bouger son bras. Ces tests ont mis en évidence  l'activation de différentes zones cérébrales entre la paralysie hypnotique et la paralysie simulée. En effet, lors d'une paralysie simulée, le cortex moteur ne s'active pas, ce qui explique le fait que le mouvement ne soit pas amorcé. Lors d'une paralysie hypnotique, le cortex moteur est lui au contraire bien activé, tout comme la voie corticospinale. En principe, le mouvement devrait donc être enclenché si nous tenons compte que de ce qui se passe dans le cerveau. Nous pouvons donc en déduire, que malgré la suggestion de paralysie, il y a la conservation de l'intention motrice, et non de l'exécution du mouvement.

Mais alors, comment est-ce que la commande motrice était-elle contrée ?

    La réalisation du mouvement en principe amorcée par le cortex moteur est bloquée par une aire dans le cerveau qui se nomme cortex frontal. C'est elle qui contrôle la réalisation des tâches. Nous pouvons donc en conclure que l'hypnose ne modifie pas la préparation du mouvement, étant donné que le cortex moteur et la voie corticospinale s'activent. L'hypnose agit cependant sur l'exécution du mouvement, qui est contrée. Ainsi, on parle d'une situation d'hyper-contrôle.

 

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        Les effets de l'hypnose sur la douleur

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Pour faire cet IRM, des traceurs radioactifs ont été injectés dans le sang et lorsqu'une zone cérébrale est activée, le débit sanguin devient plus important. Les clichés a et c ont été pris lorsque la personne ressentait une douleur à l'état normal et les clichés b et d ont été pris sur cette même personne, pour la même douleur mais sous hypnose. On remarque sur cet IRM que l'intensité de l'activation du cortex cingulaire antérieur, la zone qui correspond aux aires de la douleur dans le cerveau, (représentée au niveau des cercles rouges) est diminuée lorsqu'une personne est sous hypnose et que beaucoup moins d'aires cérébrales s'activent. On en déduit ainsi, que l'hypnose module la douleur. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'hypnose peut être utilisée comme anesthésiant lors d'opérations chirurgicales. 

 

 

 

 

 

 

 

L'impact des travaux de Madame Faymonville

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   Les travaux et recherches réalisés afin de prouver l'activation de certaines zones cérébrales lors d'un état hypnotique ne s'arrêtent pas là. En effet, Marie-Elisabeth Faymonville, une femme travaillant dans l'anesthésie et la réanimation depuis 15 ans a réalisé de nombreuses études sur les réactions du cerveau lors d'hypnose. Elle avait déjà mis en avant l'activation de zones cérébrale présentées précédemment. Elle a également  émis une thèse, dans laquelle elle explique les aspects qu'elle a pu observer au sein du cerveau.

 

   La modulation des sensations et perceptions...

   Les travaux de Marie-Elisabeth Faymonville ont permis de mettre en évidence l'activation de certaines zones cérébrales durant l'hypnose. Comme nous avons vu dans la rubrique "des réactions visibles sur le corps du sujet", durant l'hypnose, nos perceptions peuvent être modifiées. C'est notamment le cas lorsque le sujet se remémore des souvenirs. Cela s'explique par l'activation des réseaux cérébraux suivants  lors de l'hypnose :

  -Le réseau du lobe occipital, modulant la perception visuelle,

  -Le réseau du lobe pariétal, modulant la perception auditive,

  -Le réseau de la motricité pré-centrale.

    Pour un patient qui ne serait pas en état d'hypnose, ce serait les lobes temporaux de droite et de gauche qui s'activeraient lorsque que celui-ci se remémore un souvenir. C'est pourquoi, les sujets ont souvent l'impression de faire un retour dans le passé, comme s'ils revivaient les sensations auditives, visuelles et motrices.

 

    Finalement, on remarque que les travaux des thérapeutes ont permis de mettre en évidence l'activation de certaines zones cérébrales durant l'hypnose. Il y a des modifications entre un état d'éveil et un état hypnotique. Cependant, nous ne pouvons pas encore affirmer avec certitude que l'hypnose a un impact neurologique, étant donné que ce sujet est encore débattu et remis en cause par certains.